«Je suis triste de ne pouvoir photographier les odeurs. J’aurais voulu, hier, photographier celles de l’armoire à épicerie de Grand-Mère. » Cette citation est tirée des « Mémoires sans mémoire » de Jacques-Henri Lartigue, peintre et photographe.
Voir et revoir grâce aux odeurs, se remémorer une situation, une personne, un lieu sans s’en rendre compte, la respiration est permanente et les odeurs s’imposent à nous. Le pouvoir évocateur d’une odeur est bien plus fort que celui d’une image ou d’un son. Le système olfactif est, avec l’ouïe, l’organe des sens qui est le plus proche du cerveau, mais c’est aussi le premier à se former. Lors de l’embryogenèse, c’est une des premières facultés qui est construite mais spontanément c’est sans doute le sens auquel nous renoncerions le plus facilement aujourd’hui si nous devions faire un choix. La place de ce sens, sans doute le plus mystérieux et le plus instinctif, le plus animal. Ses mécanismes restent d’ailleurs pour une part encore incompris. Nous n’avons d’ailleurs qu’un vocabulaire très restreint pour décrire l’incroyable complexité des odeurs.
Une odeur correspond à la perception par le sens de l’odorat d’une molécule chimique, ou d’un composé volatil, souvent qualifiée de molécule odorante ou de parfum, ou de fragrance dans le cas des fleurs. Des cinq sens, c’est celui qui est le plus mal documenté et celui qui est le moins normé, le moins étudié aussi. On sait par exemple qu’il existe cinq types de récepteurs gustatifs : sucré, salé, acide, amer, umami. On connaît parfaitement la longueur d’ondes des couleurs et les mécaniques liées à la vison. Mais pour les odeurs, rien. Presque rien, tout est encore à découvrir, à classifier. On emprunte des projections du goût et du vocabulaire qui laisse place à l’imagination.
Peu de mots spécifiques existent, en français en tout cas. Mais j’adore l’un d’entre eux : Petrichor. C’est un terme créé en 1964 par Isabel Joy Bear et Roderick G. Thomas dans la revue anglophone Nature. C’est l’odeur particulière, pour beaucoup agréable, que prend la terre ou un sol sec après la pluie. L’évaporation de l’eau sur les pierres, ce changement d’état, cette combinaison qui va créer une odeur à quelque chose qui n’en a pas. Comme cette odeur de deux silex que l’on cogne et qui est inscrit dans chaque cerveau et que vous revivrez à son évocation. “Les parfums sont de puissants magiciens pouvant vous transporter au travers des années que vous avez vécues.” écrivait Helen Keller, les odeurs s’inscrivent dans la mémoire. L’odeur d’un chien, d’un chat que l’on aime, d’un proche qui nous manque. Tout est inscrit.
L’odeur des personnes est là aussi, une notion complexe. Un parfum, une odeur, une effluve, ces caractéristiques sont propres et les parfums que nous nous appliquons changent qui nous sommes. Nous nous cachons et nous maquillons avec ces odeurs, nous entrons dans des normes différentes de la réalité. Des normes parce que le parfum est normalisé et que des odeurs sont classifiées pour être masculine ou féminine, il y a des modes de parfums et des dictats comme dans la mode. Certain parfum trop portés vous font perdre votre personnalité ou vous font ressembler à d’autres. Nous devrions tous contraire notre odeur, notre parfum et les laisser être unique.
Il existe quelques maitres parfumeurs et quelques marques qui sortent nous permettent de créer notre marque olfactive, notre odeur choisie. Le Grand Musée du Parfum, un hôtel particulier situé au 73 rue du Faubourg Saint-Honoré, doté d’un jardin privé, d’une cour pavée et d’une belle façade restaurée, propose par exemple des ateliers conçus par 16 experts, des nez, qui composent les contenus artistiques et culturels présentés dans le parcours du Grand Musée du parfum.
A Grasse, depuis plus de 266 ans, la PARFUMERIE GALIMARD poursuit la tradition de son illustre fondateur et perpétue les procédés qui ont fait le renom de ses produits. Jean de Galimard, Seigneur de SERANON, vécut à GRASSE où il créa en 1747 la parfumerie.Il a été le fondateur de la corporation des gantiers-parfumeurs, il fournissait alors la Cour du Roy Louis « Le Bien-Aimé » en huiles d’olives, pommades et parfums, dont il était l’inventeur des premières formules. Vous pouvez y créer votre parfum avec les plus belles des essences françaises.
Si vous êtes parisien, Le Studio des Parfums est un atelier boutique spécialisé dans la conception de parfums sur mesure lui aussi et ils travaillent en partenariat avec Galimard, plus ancien et il disposent de 150 matières premières de qualité exceptionnelle.
Beaucoup plus récente mais aussi intéressante, une jeune entreprise L’Abc du parfum vise à la création de Parfum et à la transmission du métier de parfumeur, de Nez,
et il dispensent des cours permettent de s’initier à la composition d’un parfum, grâce à une pédagogie inédite et un orgue de 50 Notes environ. Guidés par le parfumeur, les participants composent leurs parfums et repartent avec un flacon de 50 ml avec vaporisateur pour quelques dizaines d’euros. Ces cours sont assurés par une chimiste de formation, Marina Jung Allégret qui est parfumeur et professeur à l’Ecole Supérieure du Parfum et conférencière et ils s’adressent aux adultes comme aux enfants.
Si vous n’avez pas l’âme d’un créateur des dizaines de parfumeur ou que vous ne souhaitiez pas décider de ce qui vous va, des marques comme Penhaligon, maison de parfum britannique créée à Londres en 1870 par le barbier William Henry Penhaligon. propose des miniatures pour hommes et femmes afin que vous puissiez vivre quelques jours avec leurs parfums et choisir ou faire choisir a votre entourage. Symbole de la parfumerie au temps de la reine Victoria, Penhaligon devient le fournisseur officiel peu avant 1900 de la couronne britannique, puis de la reine Alexandra. Elle compte parmi ses clients de l’époque une grande partie de l’aristocratie anglaise et de la famille royale et aujourd’hui vous pouvez trouver assez facilement ces parfums.
Quoi que vous choisissiez, n’oubliez jamais cette phrase de Süskind, celui qui arrivait mieux que quiconque à décrire ce sens avec des mots “L’intention des parfums est de produire un effet enivrant et séduisant.”
Dont acte.