« La course pour moi, est assez semblable à la peinture. La voiture est seulement l’instrument comme les couleurs pour le peintre… Je pense réellement que la conduite automobile est un art. » disait Stirling Moss qui fut 3 fois vainqueur du Grand Prix de Monaco, l’une des plus anciennes et prestigieuses courses automobiles qui a la particularité d’être dessinée sur un circuit urbain conçu en 1929.
Le décor et le contexte de cette course valent le déplacement, la principauté est redéfini lors de cette événement, redesignée et sublimée. Bernie Ecclestone dit que la Formule1 a plus besoin de Monaco que Monaco de la Formule1. C’est sans doute vrai. C’est un vrai bonheur de marcher sur la piste et d’en faire le tour la veille au soir. Le parcours est parfait, complexe, exigeant. Ce circuit est mythique, tous les pilotes ont rêvé de gagner sur le tracé le plus lent et le plus torturé du Championnat du Monde. Une victoire à Monaco cela se mérite, la moindre erreur dans les rues de la principauté est fatale, les monoplaces s’accommodent mal des contacts avec les rails. « Pour tout pilote, il y a un avant et un après la victoire à Monaco. Le secret est de caresser les rails sans jamais les embrasser passionnément… » David Coulthard.
Les qualifications sont toujours déterminantes, et c’est l’un des meilleurs moments de la course, le moment préféré de mon ami Alain qui m’a offert l’occasion de le vivre – en vrai – avec lui et d’autres amis. Une expérience inoubliable. Durant les qualifs, les dépassements en course sont presque impossibles, et chacun vise le meilleur temps, la pole. Le spectacle est magnifique, le bruit démentiel.

« Je préfère passer une soirée avec Stirling Moss plutôt qu’une nuit avec Marilyn Monroe. » confessait Steve McQueen qui était un grand amoureux des courses automobiles, et même si je n’aurais pas fait le même choix, je comprends la fascination. Fascination envers ce pilote qui gagna en 1956, 1960 et 1961, mais également pour tous les pilotes qui risquent leur vie pour gagner, pour aller vite et défier le temps et l’espace. Marquer l’histoire de leur sport.

Idéalement, nous sommes ce que nous pensons. Dans la réalité, nous sommes ce que nous accomplissons, cette phrase a été prononcée par le seul pilote qui a vaincu 6 fois sur ce tracé : Ayrton Senna. Comment entrer dans une voiture et la conduire aux réflexes à des vitesses de plus de 150km ? pour mémoire, la vitesse moyenne de Kimi Räikkönen est de 166,439 km/h lors des essais qui lui ont permis de prendre le départ en pole position cette année. Il termine deuxième et c’est son coéquipier chez Ferrari, Sebastian Vettel qui gagne cette année en 1 h 44 min 44 s 340 (vitesse moyenne : 149,105 km/h).
Quelle est la motivation d’un pilote ? James Hunt qui avec son style agressif, qui le conduisit souvent au-delà des limites et qui lui valut le surnom de « Hunt the Shunt » qu’on peut traduire par « Hunt l’accident » racontait le circuit et sa première course sur le rocher « Lors de mon premier Grand Prix à Monaco en 1973, avant de monter dans ma F1, j’ai vomi partout, même sur la grille. J’étais comme une épave tremblante. » Niki Lauda son rival qui fut vainqueur de ce Grand Prix par deux fois en 1975 et 1976 explique en ces termes « Il est impossible de comprendre le sport automobile de l’époque sans intégrer la notion de mort ; on s’amusait beaucoup car on mourrait beaucoup. »
J’aime les mots d’Alain Prost, vainqueur 4 fois de cette épreuve « Ce que tu as vécu en tant que pilote, tu ne le revivras jamais, jamais, jamais, nulle part ailleurs. Baisse ton niveau d’attente et ton bonheur s’adaptera à d’autres points d’intérêt, à d’autres satisfactions. »
L’expérience de ce Grand Prix est à vivre, l’odeur du carburant et de la gomme, les images et les couleurs, le bruit et l’ambiance resteront gravés dans votre mémoire.