“Le graffiti est l’un des rares moyens à votre disposition quand vous n’avez presque rien. Et même si vous ne pouvez soigner la pauvreté dans ce monde avec une image, au moins vous pouvez faire sourire quelqu’un pendant qu’il pisse.” Banksy.
Je ne sais pas comment Brian Donnelly, artiste new yorkais qui, à l’adolescence a commencé à taguer KAWS et à détourner des images publicitaires, défini le graffiti. Je ne sais pas si il a une explication rationnelle sur la démarche. Il a sans doute commencé parce qu’il aimait dessiner ou pour marquer les esprits – ou simplement pour faire sourire un mec en train de pisser – en tout cas, depuis, il ne s’est plus arrêté de créer ; des jouets, de la sculpture, des tableaux.
Il est doué dans toutes les disciplines et son style est unique.
Il a en ce moment une belle actualité – c’est toujours le cas – et il a conçu pour et avec Nike, une capsule dans laquelle on trouve notamment une magnifique Air Jordan IV x KAWS en daim gris. Ce n’est pas leur première collab, il avait déjà créé pour eux, suite à l’ouverture du complexe multi-sport Nike, le design du sol d’un terrain de basket dans un quartier dans lequel il a vécu.
« L’une des ironies de notre époque, c’est que, en même temps que la rue est devenue la denrée la plus demandée de la culture publicitaire, la culture de la rue se voit elle-même prise d’assaut. De New York à Vancouver et à Londres, les sévères mesures policières contre les graffiti, l’affichage, la mendicité, l’art dans la rue,(…) sont rapidement en train de criminaliser tout ce qui fait vraiment la vie de la rue dans une ville. » écrivait Naomi Klein dans No logo. C’est une vérité criante et une hypocrisie terrible. En 2015, CONTROL, une de ses devient l’œuvre de « graffiti la plus chère du monde » : 218 800 € et détrône les précédents records de JonOne, en 2007 et de Seen et Banksy, en 2013.
Il y a toujours eu un intérêt des galeristes et collectionneurs pour les street artists, mais aussi dans le même temps, une sorte de défiance de la rue elle même (de ceux qui pensent la représenter parce qu’il en viennent pour être plus précis) pour les tagueurs et autres créateurs qui vendent des œuvres en galerie. Pourquoi? je ne sais pas. Sans doute que cette démarche de création urbaine est perçue comme contestataire alors qu’elle n’est sans doute qu’esthétique et publicitaire dans une certaine mesure.
Pour le coup, Brian Donnelly n’est pas vraiment issu de la rue mais plutôt du circuit académique puisqu’il est diplômé de la School of Visual Arts, il a produit dans la rue mais c’est réducteur de l’y laisser. Anecdote, il collabore quelque temps pour Disney, durant cette période il travaille en particulier sur les 101 Dalmatiens. On retouve les mains de Mickey sur les Companions et sur plusieurs personnages, un hommage ou un gimmick.
Il produit ses œuvres de manière originale mais également en réinterprétant quelques personnages de la pop culture et du dessin animé, pas pour la narration mais pour le style graphique : le Bibendum Michelin (Chum), les Simpsons (Kimpsons), Sponge Bob, Astroboy, Hello Kitty et les Peanuts. Il vient d’ailleurs d’annoncer sur son compte Instagram une collaboration avec Uniqlo pour le mois d’avril.
J’aime beaucoup ce film réalisé par Bloomberg, il y explique sa démarche et on peut constater que Brian est hyper productif et qu’il n’intellectualise pas sa démarche, il produit et il avance.
Si vous souhaitez le suivre, laissez tomber ses sites, ils ne sont jamais à jour et ne vont pas assez vite pour lui. Je vous conseille plutôt son compte Instagram. Et si vous voulez une paire de Jordan cité en haut de l’article : dépêchez-vous et bonne chance. Vraiment.